Mis en place à titre expérimental en octobre 2014, le dispositif d’Accompagnement éducatif budgétaire (AEB) a permis à plus d’une centaine de familles saint-pauloises de régulariser leur situation face à des factures d’eau impayées. Mais il reste encore de nombreux foyers à convaincre.
« Trois ans après sa mise en place, le dispositif AEB présente un bilan contrasté ». C’est Audrey Fontaine qui parle. Mais la vice-présidente de la Créole et du CCAS de Saint-Paul nuance aussitôt ses propos. « Lorsqu’on met en place le dispositif, on est dans l’urgence sociale. De nombreuses familles ont des difficultés pour payer leurs factures et pas seulement celles de l’eau. On a proposé une solution de fond. Mais il y a des situations dans lesquelles les familles sont embourbées et il faut encore les convaincre des avantages de l’AEB avec des solutions économiquement acceptables pour tous ».
Entourée des membres du conseil d’administration de la Créole et des agents du CCAS, du représentant de la Trésorerie municipale, Audrey Fontaine dressait le bilan du dispositif AEB jeudi dernier.
En trois ans, 595 dossiers de familles présentant des factures impayées variant entre 500 et 5 500 euros ont été vus en commission technique. 484 demandes répondant aux critères d’éligibilité (être bénéficiaire de la CMU, être en résidence principale…) ont été validées en commission permanente. Mais seule la moitié d’entre elles sont aujourd’hui administrativement bouclées. Et sur les 242 familles qui ont adhéré au dispositif, 101 s’y sont référées pour régler les retards de paiement à la Créole. 108 autres respectent partiellement les termes du contrat dans la mesure ou elles paient soit à la Créole, soit à la Trésorerie municipale. Il reste un peu plus d’une trentaine de familles qui se refusent encore à payer les factures.
« Beaucoup de familles ne comprennent pas qu’elles doivent payer l’eau. Il faut mettre en place une culture de paiement de l’eau pour atteindre l’objectif de 100% d’abonnés qui payent l’eau », insiste Gisèle Carlier, présidente de l’Accro et membre du CA de la Créole. Un travail de fond déjà entrepris par les agents du CCAS de Saint-Paul. « On travaille les mentalités. Il faut parvenir à sensibiliser sans culpabiliser les familles », insiste Guy Saint-Alme, président du CA de la Créole affirmant que l’abandon de mesures coercitives contre les familles récalcitrantes n’a pas eu pour effet la « recrudescence de factures impayées ». La tendance serait plutôt à la baisse, même si elle reste légère. Un constat qui met du baume au cœur des représentants de la Créole et qui apparaît surtout comme un signe encourageant pour la poursuite du dispositif AEB. « Même si pour le moment on est parvenu à convaincre qu’une centaine de familles, le résultat est là. Néanmoins, pour persévérer et pérenniser le dispositif, nous avons besoin d’actionner d’autres leviers. Le CCAS ne peut pas tout porter », insiste Audrey Fontaine qui souhaite par exemple voir l’Etat s’investir pour l’eau comme il l’a fait pour l’électricité.