Vous l’aviez sûrement remarqué, que vous soyez à pied, à vélo ou en voiture, le Square de l’Appel du 18 juin 1940 a fait peau neuve. Cet aménagement, financé entièrement par la commune, a agrémenté à sa juste valeur ce lieu chargé d’Histoire qui fait l’angle des rues Labourdonnais et de la Caverne. Entièrement repensé, Le Square de l’Appel du 18 juin 1940 a été rebaptisé symboliquement le Jardin de la Liberté et a été inauguré ce mercredi 13 septembre en présence notamment du Maire de Saint-Paul, Joseph Sinimalé, de Yoland Velleyen, premier adjoint délégué à la culture à Saint-Paul et de Mario Serviable, historien.
Au cœur de la ville de Saint-Paul, le Jardin de la Liberté, anciennement connu sous le nom du Square du 18 juin 1940, est un lieu chargé d’histoire. « 1848-2018 : nous célébrons d’ailleurs le 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, cette année. L’événement de ce jour est l’une des actions que nous menons dans ce cadre. Ce jardin de la Liberté, que nous sommes fiers d’inaugurer, se veut un espace de convivialité. Comme un livre ouvert, il raconte quelques grandes dates de l’histoire de Saint-Paul. Ainsi, nous voulons contribuer à faire entrer ces moments forts de l’Histoire de La Réunion, dans la mémoire collective des Saint-Paulois de façon immuable », précise Joseph Sinimalé, le maire de Saint-Paul.
A l’aube du XIXème siècle, plus de 400 esclaves ont décidé de se battre pour leur liberté. Une véritable révolte partie de Saint-Leu qui a été écrasée en novembre 1811 par le système esclavagiste en place. Elie, Paul, Vincent, Zéphir ont été jugés, et exécutés le 15 avril 1812 à 15h dans ce jardin baptisé jadis « Place du tribunal ». Ceux que l’histoire a baptisé « Les Révoltés de Saint-Leu » ont désormais leur stèle commémorative dans l’enceinte.
Un siècle plus tard. Dès 1916, la nécessité du devoir de mémoire envers les morts de la Grande Guerre (1914-1918) s’installe dans l’opinion. Au lendemain de cette première Guerre mondiale, Saint-Paul s’inscrira dans cette tradition républicaine et ce malgré d’importants problèmes de trésorerie. Surélevé par un socle délimité par une chaine et coiffé d’une base hexagonale surmontée d’un obélisque, le monument aux morts de Saint-Paul est l’élément central de cette place.
Sur chaque face de la base, sont gravés les noms des 127 Saint-Paulois morts pour la France, sauf sur celle faisant face à l’entrée du Square où on peut lire la dédicace : « À ses valeureux fils morts pour la Patrie 1914-1918 Saint-Paul reconnaissant ».
Autre hommage visible sur ce site depuis 2014, la statue de Jacob Gaze, le seul poilu connu de Mafate. Sculptée par l’artiste Marco Ah-Kiem, celle-ci est devenue le symbole des 14 355 soldats Réunionnais mobilisés lors de la Première Guerre Mondiale.
Plus récemment, en novembre 2016, la ville de Saint-Paul commémorait le centenaire de la Bataille de Verdun. A cette occasion, une stèle en hommage aux soldats a été inaugurée. Une œuvre d’art hautement symbolique façonnée par Didier Prévèle, sculpteur et fondeur d’art à l’Entre-Deux.
Autant d’hommages gravés dans la pierre et dans le bronze dans ce haut lieu de mémoire qu’est le Jardin de la liberté. « Cela n’a pas été tous les jours faciles, mais notre histoire, il faut la regarder en face et en être fiers. (…) Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, nous avons fait le choix d’inaugurer ce jardin qui rappelle les différents combats. Dans ce jardin, on commémore nos héros », souligne Yoland Velleyen face au monument En Mémoire de l’appel du 18 juin 1940. Particularité de ce dernier, l’affiche « À Tous les Français » que la commune de Saint-Paul est la seule commune de France à afficher.
Un aménagement digne de ce nom
La Mairie de Saint-Paul a réaménagé le Jardin durant plusieurs semaines. Le coût des travaux s’est élevé à 405 000 €. Par ailleurs, des travaux supplémentaires sont toujours en cours : création de panneaux titres pour chacune des stèles, éclairage global du jardin, éclairage et mise en valeur des œuvres. La commune a financé à 100% cet aménagement afin de redonner à ce lieu emblématique la dimension qu’il mérite.
Par ailleurs, c’est en explorant dans les photos d’archives que le service patrimoine de la municipalité a mis la main sur un véritable trésor : un dessin du portail historique du parc ouvrant sur la Rue Labourdonnais.
Ainsi, la reproduction de ce portail d’origine (1860) a été confiée à un ferronnier d’art. Sa mission : reproduire ce portail à l’identique afin que ce lieu renoue avec son architecture d’antan.
Pour un cachet authentique, la place accueille 19 plaques installées au centre de chaque grille de la clôture qui fait le périmètre du jardin. Le projet est intéressant, il s’agit pour ces 19 emplacements de perforer ces plaques avec des dates clés de l’histoire de Saint-Paul, voire de La Réunion. Ainsi, le service Culturel pourra sensibiliser aussi bien les nombreux scolaires, badauds et touristes.
Une fois à l’intérieur, les visiteurs se promènent sur des chemins bétonnés, accueillant des laniérages en basalte. L’espace central en basalte également, autour du monument aux morts est quant à lui élargit de 3 mètres pour mettre en lumière davantage cet obélisque commémoratif. Autre nouveauté : la nouvelle répartition des stèles et des statues se rapproche de l’histoire de Saint-Paul et de l’île. L’histoire liée à l’esclavage ainsi qu’à la traite négrière est « concentrée » à l’entrée du Jardin ainsi que sur tout son pourtour périmétrique : portail historique, statue des révoltés de Saint-leu, plaques avec les dates clés de l’histoire… tandis que les monuments liés aux grandes guerres (1914-1918) sont répartis autour du monument aux morts central. D’un peu plus près, on remarquera que chaque stèle a été mise en valeur sur un socle adapté et un éclairage LED. L’ensemble du parc a été par ailleurs modernisé par un éclairage LED performant et écologique par ses performances énergétiques. Cette modernisation par technique de point est absolument intégrée dans ce parc historique.
Un espace détente
Autre nouveauté, un espace détente ombragé, propice à la lecture ou aux jeux est intégré à cet aménagement. Dan’ tan lontan, les promeneurs se rassemblaient dans cette zone du jardin pour écouter les lecteurs, conteurs et autres orateurs…
Sous une couverture végétale, composée de jasmin de Madagascar, de passiflore et de pluie d’orchidée, une table de jeu ravira les amoureux des jeux d’échecs.
Accolée à la façade du Centre Hospitalier Gabriel Martin, cette pergola végétalisée s’étire sur 30 mètres de long et 7 mètres de large. Elle protège ainsi du soleil et cache la façade du bâtiment existant grâce au tissu végétal dont elle est recouverte, des haies grimpantes qui seront amenées à se densifier avec le temps…
Au cœur du végétal, la haie déjà existante à l’intérieur du Jardin de la Liberté va être étoffée et la pelouse ré-engazonnée. Des haies arbustives denses, type caricature, foulsapate marron, gardénia ou encore le jasmin de nuit, marquent les limites avec l’hôpital.
Sont disséminés ici et là pour sublimer le lieu : benjoins, goyaviers royaux, palmiers à tronc rouge, massifs de Pourpier, Aloès, vétiver et pennisetum.
Dans ce contexte végétal, l’eau y a aussi sa place. Deux anciens bassins hors d’usage ont retrouvé leur splendeur et ont été convertis en fontaines. Les travaux ont commencé depuis le mois de janvier et se sont achevés au terme du premier trimestre 2018 afin de faire de cette place symbolique un lieu de passage vivant et sensoriel.