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Le maire de Saint-Paul interpelle le président de la République

Le maire de Saint-Paul interpelle le président de la République

Comme la centaine d’élus ultramarins, le maire de Saint-Paul, Joseph Sinimalé, participait à la rencontre avec le président de la République, organisée vendredi 1er février dernier à Paris.

L’occasion pour lui d’interpeller Emmanuel Macron sur différentes problématiques réunionnaises. Nous publions ci-dessous son intervention.

Monsieur le Président de la République,

Merci de nous donner l’occasion de vous faire part, de vive voix, de notre ressenti de la situation dans notre département en tant qu’élu.

Loin de moi l’idée de me faire le porte parole des gilets jaunes de La Réunion, mais en tant que maire et à l’instar de mes collègues, je facilite matériellement le bon déroulement des débats sans s’immiscer ou orienter les échanges.

Je voudrais tout de même vous faire part de ma réflexion et de mes propositions pour La Réunion. Avant tout il est important de rappeler le contexte.

L’île de La Réunion est un département français de l’Océan Indien et de ce faite soumis à une concurrence immédiate de son voisin l’Ile Maurice. La prise en compte de ce paramètre est essentielle dans notre réflexion.

Comment ignorer qu’à 20 minutes de La Réunion, le coût de la main d’œuvre soit moitié moins cher, que les charges et les impôts semblent dérisoires par rapport à La Réunion et que le coût de la vie soit beaucoup moins élevé, attirant ainsi de plus en plus de Réunionnais ayant les moyens de s’expatrier vers l’île sœur.

Oui Monsieur le Président, la pierre angulaire des problèmes des réunionnais reste le coût de la vie.

Mes réceptions publiques sont rythmées par les mêmes demandes : une aide financière, au mieux un emploi pour dépanner.

Les centres communaux d’action sociale dont j’ai l’honneur de présider l’union départementale croule sous les demandes d’aide financière chaque mois.

À La Réunion, nombreuses sont les familles qui, passé le 10 du mois, n’ont plus un sou après avoir payé les dépenses courantes (le loyer, l’eau, l’électricité, le transport et la nourriture de base).

Nous tous devons agir maintenant, car les maires, qui sont tous à porter de gifles des citoyens, n’y arriveront pas seuls.

Il est accepté de tous les experts que le coût de la nourriture à La Réunion est plus cher qu’en métropole. Une enquête de l’Insee sur la comparaison des prix en 2015 montre qu’un tiers des dépenses des réunionnais va à l’alimentation et au transport.

J’ai comme beaucoup vu sur les réseaux sociaux cette photo qui comparait le prix d’une plaquette de yaourt entre la métropole et La Réunion. Près de 6 fois plus cher ! Pour m’en assurer, j’ai demandé des explications à un patron d’une chaîne de grande distribution. Celui-ci m’a confirmé la différence de prix et m’a donné les raisons de ce surcoût exorbitant. Une grande partie des frais supplémentaires est dû au fret, aux conditionnements et frais de transports. En effet, si l’on veut manger frais, il faut être riche ! Je ne peux pas supporter cette inégalité car il en va de la bonne santé de nos familles mais surtout de celle de nos enfants.

Je pense que l’on peut agir très rapidement sur les frais d’acheminement des denrées alimentaires en subventionnant via la continuité territoriale l’importation d’une catégorie alimentaire.

Le conseil régional a déjà fait de gros efforts dans ce domaine en subventionnant les billets d’avion pour une certaine catégorie de réunionnais. Elle ne pourra pas tout porter seule.

Il faudrait rapidement déterminer une liste de produits éligibles (pas seulement ceux de basse qualité) afin de pouvoir déterminer l’enveloppe financière qui prendra en compte les surcoûts liés au fret, en fixant au bout le prix de vente maximal de ces produits.

Les consommateurs réunionnais bénéficieraient ainsi de ces produits aux prix de leurs compatriotes métropolitains, ce qui va dans le sens de l’égalité que souhaitent les français de l’océan indien.

Les familles retrouveraient ainsi du pouvoir d’achat !

Voilà Monsieur le Président de la République la doléance que je vous soumets en souhaitant qu’elle retienne toute votre attention.